Je me devais de l’appeler. Je n’avais pas le choix. J’en avais l’envie. J’en avais aussi le coeur noué, le ventre serré. J’en avais la peur. Je n’avais plus le temps.
Mercredi 23. Vingt-trois jours écoulés, toutes ces heures où je n’ai pas trouvé la force. Où je n’y ai pas pensé non plus. Où je repoussais le moment. Le calendrier me menaçait. 9 jours encore avant l’ultimatum du 31.
Environ 20h00. Prêt à rentrer dans le restaurant. Je finis ma cigarette. Cette rue familière. Ces pavés, ces façades d’hier. Cette douce lumière. Toi pas loin de moi. Une évidence. C’est maintenant.
Je m’écarte. Je ferme les yeux. Une sonnerie. Deux. Trois… Mon désir de fuite reprend le dessus. Je croise les doigts. Encore deux sonneries. Possible soulagement : le répondeur. J’y crois…
Ta voix. Mon coeur qui sursaute. Mes jambes qui tremblent. Ma voix. Papa c’est M…aël je t’appelais pour te souhaiter une bonne année. Je sais oui avec du retard…
Excuses réciproques, Banalités échangées. Psychopathologies de la vie quotidienne, promesses de se voir prochainement.
Comment expliquer que je n’ai pas besoin de toi. Comment m’expliquer que t’entendre me fait du bien. Comment t’expliquer que mon coeur balance entre l’amour irréel d’un petit garçon pour son papa et la cruelle réalité de notre absence de relation.
Simplement je raccroche. Apaisé. Sourire au coeur. Dois-je en demander plus…? Tu existes.
A bientôt Papa…
Dimanche 27 janvier 2008 à 15:45
Les Mots d’un adulte sur les faits d’un homme encore “petit garçon”. “Petit garçon” parce qu’on l’est tous encore devant “Papa”. Touchant.
Et je préfère lire le titre de ce billet à l’envers. “L’appel pas anodin à un homme qui l’est”.
On a tous un père. C’est anodin. Mais nous avons chacun une relation particulière avec. L’appel que tu as passé n’est pas anodin, lui. Il est au contraire très important. Et ça se ressent. Il était important pour toi d’appeler.
Lundi 28 janvier 2008 à 4:12
J’ai vu trop de familles déchirées. Ou juste désunies.
Pour rien. Par rien. Le silence. L’habitude. La peur de les briser.
On a tous des téléphones remplis de noms d’amis, plus ou moins proches, avec qui on peut avoir toutes les relations du monde.
Mais on n’a qu’un seul père. Irremplaçable.
Je ne peux que te souhaiter davantage de coups de fil avec de meilleures conversations. Mais je sais combien ceux-là sont durs et douloureux.
Ma solution personnelle est l’écriture. Celle de mon père, la poésie…
Laul
Lundi 28 janvier 2008 à 13:14
Juste parce que je n’ai pas de pére, juste parce que j’aimerai en avoir un, juste parce que tes mots sont…juste.
Mardi 29 janvier 2008 à 23:02
Tes mots et tes maux me touchent. Je ne sais pas quoi dire. En tous cas, chez moi, ça résonne et ça raisonne. voilà, quoi.
Mercredi 30 janvier 2008 à 0:42
@ Beur-Boy : On a tous un père géniteur en effet. Ce que je recherche surtout c’est un Papa avec tout le poids des affects que ce mot peut porter. Je pense que cet homme est loin d’être anodin dans ma vie.
En effet, derrière cette carapace de dureté et de maturité que j’ai construite, le “petit garçon” sommeille toujours en moi, parfois même se réveille et pleure…
@ Laul : On a qu’un seul père… celui-ci en l’occurence n’a qu’un seul fils…qui attend juste un peu de réciprocité. Des efforts dans les deux sens pour essayer de vivre au mieux une relation qui ne sera jamais simple. Une relation que je veux désormais sans souffrance et sans utopie.
@ AdaM : Juste merci…longtemps je n’ai pas eu de père, il m’est encore parfois difficile de me dire que j’en ai un, je peux comprendre…
@ Co! : C’est déjà beaucoup ce que tu dis. Tes compliments me touchent.
P.S. : Désolé si mes commentaires ne sont pas clairs, vous n’avez pas toutes les données donc je suis peut-être le seul à les comprendre…
Jeudi 31 janvier 2008 à 0:39
Parce que je te retourne le compliment
Parce que les relations humaines ne sont pas faciles et les relations de famille encore moins…
Dimanche 10 février 2008 à 16:53
Tout homme peut être père, mais il faut être quelqu’un d’extraordinaire pour être un papa… Parfois çà peut prendre un certain temps pour devenir extraordinaire.
Un jour, qui c’est..?
Très émouvant tes mots, merci M…aël
Dimanche 10 février 2008 à 22:49
Waw, c’est court, mais alors ça prend bien dans les trips, à la fois le texte, et les comm…
C’est jamais évident les relations humaines, par définitions rien ne va de soi et encore plus il me semble la relation père-enfant. Une mère a porté l’enfant, et quelque part un lien automatique se cré et ne se perd jamais, mais avec le père, la question est autre que charnelle, elle est affective…
Arff c’est très émouvant ce que tu écris…
Mercredi 13 février 2008 à 21:59
@ ekkooo : Heureusement que les relations humaines sont complexes la vie ne serait pas aussi belle dans la simplicité.
@ Arno : Je sais que ce texte te touche. Je te remercie.
@ Petit Beur : Et l’affect avec mon père c’est bien là le souci. Content de t’émouvoir mais pas trop quand même, garde le sourire!
Mercredi 22 juin 2011 à 2:21
il est souvent difficile d’entretenir une relation qui ne devrait pas l’être, qu’importe le lien, encore moins celui du sang.