Bougie blanche allumée. Pour toi. Je t’ai perdu. Le noir de la nuit en plein jour. Rester éveillé. Poursuivre sa vie. Ouvrir les yeux. Essuyer ses larmes. Eloigner ce vide. Rempli de ton absence. Ta présence irremplaçable. Ta place dans ma vie. Ma vie entre parenthèse, ma vie sans toi…

Ma vie sans elle. Peu après. Ma “femme de ménage”. Celle sur qui je comptais. Son bureau, son regard. Ses mots, les miens pour me libérer de mes souffrances. Un lien basé sur mon intimité, mon moi profond. Partie, c’est aussi un peu de moi qui s’envole. Deuxième repère qui s’effondre. Tenir. Encore…

Tu as perdu ton père. Mon grand-père. Ton passé ressurgit. Ta haine. Un ouragan. Balayant tout. Ce courage que tu n’as jamais eu. Celui qui t’aurait permis de te battre pour ta vie. Tu l’as pour te venger, lâchement. Kidnappant ses cendres. Me privant ainsi de me recueillir auprès de lui. T’acharner sur elle, Détruire son image.  Oubliant que tu parles de ma mère. Je suis ce lien, entre passé et présent. Je suis ton unique interlocuteur. Celui qui a déjà trop subi vos histoires. Celui qui va encore prendre pour les autres. Au loin ta culpabilité, sans recul. Ta souffrance comme excuse, tu vas me détruire. Jusqu’à ne plus tenir. J’étais ton fils. Pour survivre, rompre. J’ai perdu mon père.

Avancer. Sans re(pères). En manque de vie. Avec trop de pertes. Des décès encore. Pour rappeler que vivre et mourir sont indissociables… Devoir vivre, accepter que l’autre parte. Se résigner à l’insupportable de la vie. Se sentir seul. Parce que l’autre déçoit toujours. Un mal pour un bien. Ma force c’est ce que je suis. Je t’ai confié une promesse. M’y tenir. Pour être fier de moi, te rendre fier de moi Papy…

Ta bougie blanche toujours allumée. Comme une veilleuse. Pour me rassurer. M’accompagner. Fermer les yeux. Et espérer m’endormir de bonheur…

 

11 novembre 2012,17:17

Marguerite Yourcenar a dit : “Il ne faut pas pleurer pour ce qui n’est plus mais être heureux pour ce qui a été.”
Aujourd’hui je veux me souvenir de ton sourire, ton regard qui pouvait être malicieux, tes silences. Tu n’avais pas besoin de parler, ton cœur le faisait pour toi.
Me souvenir aussi de tous les moments partagés ensemble et ce lien si particulier, si fort qui nous unissait.
Merci pour l’amour que tu m’as porté, cet amour qui m’a porté sans lequel je ne serai pas ce que je suis.
Saches que tu as été mon repère. L’amour que j’ai pour toi restera à tout jamais pour continuer de me guider.
Merci Papy…

 

Lu le 22 juin 2012 à l’Eglise de Bué.

25 juin 2012,16:14

En bout de table. Tu es là. Je te regarde discrètement. Avec tant d’amour. Tu me souris. Ton visage pourtant fatigué. Ton regard triste. Tes pensées ailleurs. Noël. Sa naissance. Son absence aujourd’hui. Ce fils perdu. Trop jeune. Mon deuxième prénom, fièrement je le porte. Pour toi.

Toi que j’aime. Plus que tout. Parce que tu m’as offert ma première 2CV rouge à pédale, mon premier vélo, ma première voiture. Parce que tu étais le seul à pouvoir guider mon bateau sur la mer, tu m’emmenais sur les enjambeurs dans les vignes, on ramassait les asperges dans ton jardin. Parce que tu as toujours été là. Parce que tu as aussi été un repère, comme un père. Pour tout, parce qu’une liste de souvenirs ne suffisent pas. Parce que sans toi…

Et pourtant. En silence, ta souffrance. Ta vie ralentit, leucémie ennemie. Mon impuissance, en silence. Ma souffrance.

Avec toi, me sentir unique. Ta présence. Tes mots rares. Ton regard. Celui de l’amour. Celui qui me fait comprendre que je suis quelqu’un de bien. Ressentir ta confiance, ta bienveillance, ta fierté.

Alors te regarder, encore et encore. Profiter. Nous regarder. En silence, tout en émotion. Un sourire sur nos visages. Ma mère de nous interrompre “Va à côté de Papy je veux faire une photo de vous deux”…

En bout de table, ma main posée sur ton épaule. L’objectif nous immortalise. Un souvenir de plus de notre amour…

 

 

27 décembre 2011,23:26